Extraits

Maître et soumise

Extrait du Roman Abnégation publié aux éditions Tabou

Elle vint contre lui cette fois, la joue posée contre son torse, son corps allongé contre le sien, sa jambe glissée entre les siennes, comme pour avoir le plus de contact possible avec sa peau. Elle avait les yeux pétillants et le sourire sincère. Il planta ses yeux dans les siens. Il n’avait plus le regard dur ni autoritaire, juste complice et satisfait. Dans ces instants-là, tout lui semblait absolument parfait, elle savourait son appartenance, sa condition. Leur lien puissant.

Les mots étaient inutiles et ils restèrent ainsi, l’un contre l’autre, de longues minutes. Sia finit par se redresser sur un coude pour mieux le voir, pour profiter de ce petit moment, ce « juste après » qu’elle aimait tant, alors qu’il la gardait entre ses bras. Il caressa doucement sa joue en lui souriant. Elle s’était mise sur le ventre, toujours tout contre lui, et il contempla les marques de cravache qui striaient ses fesses et ses cuisses. On distinguait encore d’autres traces plus anciennes, presque effacées.

— J’aime que tu sois toujours marquée. C’est le reflet de ta condition et de ton appartenance. Maintenant que notre relation a évolué et que nous avons plus souvent qu’avant des moments qui s’éloignent du BDSM, j’aime que ces traces sur ton corps te rappellent en permanence ce que tu es. Une soumise. Ma soumise.

— Oui Maître, c’est ce que je suis avant tout.

— J’ai besoin de savoir que je peux, à tout moment, te traiter comme un objet, une esclave. Ce que tu étais à nos débuts, ce que tu es et dois rester. Ce que je veux surtout, c’est que tu ne l’oublies jamais. Quels que soient les moments « vanillés » que nous passons ensemble, tu es et tu restes ma soumise. J’ai besoin que ce soit parfaitement clair et que ton comportement le démontre en permanence. Je veux ressentir ton abnégation, cette forme d’abandon ultime.

Sia resta silencieuse quelques secondes.

— Oui Maître, je comprends. Je pense que mon comportement est toujours conforme à vos attentes, sinon, vous me l’auriez fait remarquer. Mais…

— Mais ?

— L’abnégation est un sujet tellement abstrait, tellement loin des faits parfois. Je pense qu’il est facile d’en parler, facile d’écrire ce mot magnifique, mais il est sans doute plus difficile de le ressentir véritablement tant qu’on n’est pas face à la situation qui le démontre. Une situation qui nécessite d’en faire vraiment preuve. C’est un peu comme de dire que l’on est « prête à tout », jusqu’à ce qu’on réalise l’ampleur que peut prendre ce « tout » et alors on se met à douter de ce qu’on a dit.

— Tu dois être prête à tout ce que je peux t’imposer. C’est cela que tu dois retenir.

— Je sais, Maître.

— Tu t’interroges sur le sentiment d’abnégation ? C’est vrai que tu as peu l’occasion de ressentir de telles choses ces derniers temps. Tu n’es pas mise à rude épreuve, pas mise devant des situations complexes qui obligent à dépasser sa zone de confort.

Sia ne répondit pas mais ne put retenir un sourire accompagné d’un regard complice. Elle savait qu’il lisait en elle comme dans un livre ouvert.

— Ces derniers temps, j’ai envisagé quelque chose pour cet été qui pourrait finalement venir répondre à tes interrogations et, je le sens, combler tes manques.

— Je n’ai pas de manque, Maître, c’est juste que je sais qu’on ne peut pas imaginer certaines émotions sans y être confrontée. Et il est vrai que je lis tant de fois ce mot galvaudé, que je m’interroge sur le véritable sens de l’abnégation.

— Quelles sont ces interrogations ?

— Ce ne sont pas tellement des questions que je me pose, c’est plutôt l’envie de ressentir vraiment les choses. Ça m’est déjà arrivé bien sûr, mais j’ai l’impression de ne pas être allée au bout. Je ne parle pas de l’abnégation en général, lorsqu’on en parle rapidement tant le terme est joli. Je parle d’aller au fond des choses, quand véritablement on agit avec abnégation de façon consciente, parce que c’est devenu véritablement une façon d’être. Lorsque, justement, il n’y a plus aucune question, juste de l’abandon.

— Alors ça tombe très bien, Sia. C’est exactement là où je comptais t’emmener.

Maître et soumise - Abnégation - Extrait

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