BDSM*, quatre lettres qui cinglent comme un coup de fouet, comme une plainte ou un gémissement qui sortent d’une alcôve sombre. Un parfum de souffre, de déviance, de perversité … et pourtant cet ensemble de rites et de pratiques a fait la une de la presse, les tabous tombent. Le BDSM s’expose. Cet univers est bien trop vaste et riche pour le résumer sans tomber dans des clichés ou des raccourcis maintes fois lus. Alors comment le raconter ici sans répéter ce qui est déjà dit ? Aux généralités des actes et des accessoires, j’ai préféré une approche plus personnelle, qui n’engage que moi. J’ai choisi de parler de l’essence même de ce type de relation : le Lien qui se crée entre le Maître et sa soumise.
Une relation BDSM c’est d’abord une rencontre entre deux êtres. Une alchimie unique qui naît entre un Maître et Sa soumise. Ce n’est pas toujours ce que l’on voit ou pense en général, mais loin des idées reçues, les relations D/s sont souvent très intenses, pleines de respect, de confiance et d’amour. Il faut cela, pour que la soumise s’abandonne et se donne dans tous les sens du terme. Mais aussi pour que le Maître gère ce Don qu’il reçoit. Alors, lorsque le Lien s’est créé, la soumise peut se révéler à elle-même et à son Maître. Elle peut s’offrir à lui comme à personne et dépasser ses limites, bien au-delà de ce qu’elle aurait pu imaginer. Chaque histoire D/s est différente, car chacun a ses règles, ses envies et ses façons de faire, au-delà d’un tronc commun. Mais la force de ce Lien est une constante, un des fondements de ces relations toujours librement consenties.
Être Maître exige des qualités physiques et psychologiques peu communes et impose des responsabilités. Beaucoup voient cela comme un simple jeu sexuel, un jeu de rôle ou le Maître peut à sa guise soumettre une femme qui obéira, car tel est son devoir. Oui, mais ce n’est pas si simple. Un vrai Maître soumet par un regard, un geste, une attitude, un mot. Quand l’assurance qu’il dégage, quand sa prestance impose le respect par évidence, alors se soumettre à lui devient un honneur et un plaisir profond. On peut se laisser aller à ses pieds, comme jamais on a lâché prise dans sa vie. C’est à cela que l’on mesure le charisme d’un dominant. Et c’est là, que le regard baissé et soumis de celle qui s’offre à lui prend toute sa valeur. Quand la crainte de décevoir est plus forte que tout autre chose. Quand lire de la fierté dans ses yeux devient la plus belle des récompenses. Lorsqu’on a la chance de rencontrer quelqu’un d’exceptionnel qui sait lire en nous, nous faire grandir et évoluer positivement, on devient capable de tout pour lui. C’est un sentiment étrange et complexe à décrire.
Le respect et la confiance sont à mon avis primordiaux pour vivre cela pleinement. Lorsqu’on se sent respecté et aimé, on peut accepter, et même désirer des choses qui n’ont pas leur place dans les relations de couples normales (dites « vanilles » dans le BDSM). Recevoir une gifle ou une insulte, être rabaissée et humiliée, et aimer cela, parce que ce geste vient de « Lui », peut sans doute paraître incompréhensible et pourtant, lorsque le Lien est profond, tout cela prend un sens unique, indescriptible et presque magique.
Lorsque je suis devenue la soumise de mon Maître, jamais je n’aurai imaginé être capable de faire certaines choses, et pourtant, pour Lui, rien ne me semble plus impossible. Il a fait naître en moi, une force, une foi, et cela m’a transformée, dans tous les aspects de ma vie. Parfois, ce ne sont pas les actes les plus crus ou les plus violents qui marquent le plus. Je me souviens d’une matinée d’hiver ou je L’avais rejoint devant un café en plein Paris, juste à la sortie d’un métro bondé. Tout naturellement, d’un regard et d’un mot, Il avait exigé de moi que je m’agenouille à Ses pieds pour Le saluer, et de baiser Sa main, comme il m’est habituel de le faire en privé. Mais cette fois nous étions en pleine rue, au cœur de Paris. J’ai obéi par évidence, sous le regard d’une foule étonnée, choquée ou amusée.
C’est dans ces moments-là que je ressens le plus la force de notre Lien, lorsqu’envers et contre tout, malgré les conventions, les questions morales et les convenances sociales, plus rien d’autre ne compte que Sa volonté, que d’Etre Sienne. M’agenouiller ainsi, en pleine rue, en faisant abstraction des autres ne m’a pas rabaissé, bien au contraire, à genoux ainsi j’étais fière. Il faut oser le faire. Ce jour-là, je me suis sentie pleine d’une force immense, capable de beaucoup, et plus encore. Et ce sentiment ressenti au plus profond de moi ne me quittera plus. Cette force est en moi, à jamais. A travers Sa fierté et Sa satisfaction, j’ai ressentie profondément ma condition de soumise, et paradoxalement, un puissant sentiment de liberté.
Je voudrais faire passer ce message à celles et ceux qui jugent trop facilement et sans connaitre ce monde. Nous avons tous des fantasmes et des désirs profonds enfouis au plus profond de nous, et même si nous ne partageons pas les mêmes, faire preuve de respect et d’ouverture d’esprit est une grande qualité.
Eva Delambre
Bonsoir Eva,
Avec mon mari nous avons toujours eu des jeux BDSM que nous apprécions beaucoup. Et puis certaines mauvaises rencontres, tant réelles que virtuelles nous ont détourné de ces pratiques. Mais le désir restait présent.
Et puis, alors que j’avais le projet d’écrire un roman sur une relation Maître/soumise permanente, l’idée de l’appliquer dans la vie de tous les jours me tournait autour.
Il y a 4 jours, j’en ai parlé à mon mari. Il est désormais mon Maître et dirige tous les aspects de nos vies sauf ceux sur lesquels il m’a laissé une liberté.
Il a tous les droits je n’ai que ceux qu’il me donne et peut me retirer.
C’est un nouveau départ pour nous deux.
Oh ! J’ai complètement oublié de vous dire que durant ces quelques jours, j’ai lu vos livres. Relus pour certains. Il me manque encore l’esclave, marquée au fer et abnégation. Merci de m’orienter dans mes désirs profonds et de m’avoir aidé par vos écrits à prendre conscience de mon âme de soumise.