— Décides-tu de partir ou restes-tu ?
— Je reste, Maître.
Mes mots avaient été prononcés clairement. Sans plus aucune hésitation. Le pacte était scellé.
— Alors pour les trois prochaines heures, tu ne t’appartiens plus. Tu es ma chose, je fais ce que je veux de toi. Prosterne-toi !
Mon tout premier ordre. Il ne l’était pas vraiment puisqu’il m’avait déjà ordonné différentes choses concernant ma venue, mais celui-ci sonnait différemment. J’agissais en conscience et en présence. L’acte de prosternation était si fort de sens, si symbolique à mes yeux que j’en aurais pleuré d’un incroyable bonheur intérieur. C’était tellement puissant dans mes fantasmes. J’en avais tellement rêvé. Je n’hésitais pas un instant. Autant soutenir son regard me paraissait d’une difficulté extrême, autant me mettre ainsi à ses pieds était un acte délicieux, une joie incommensurable. J’y étais. Je vivais « pour de vrai ». À cet instant-là précisément, tout semblait basculer. Oubliés les pages de mon blog, les rêves, les frustrations. Je n’étais plus simplement une jeune femme attirée par ce monde et qui aimait le décrire et l’écrire. Non, j’étais désormais une soumise en devenir, prosternée devant un maître de qualité si longtemps considéré comme inaccessible.
Front contre terre, je sentais des larmes de joie qui montaient doucement. Lui, il avait pris de son temps pour moi. Pour moi. C’était bien moi qui étais là. Petite chose tremblante et malgré tout déterminée. Dans cette position, je me sentais incroyablement bien et à ma place. Je ne ressentais aucun sentiment de malaise ni d’humiliation, là où d’autres auraient vu une posture abaissante. Bien au contraire, je me sentais entrer dans son monde, un monde élitiste, avec beaucoup de prétendantes et peu d’élues.
Mon cœur battait vite, je retenais mon souffle. Je le devinais, au-dessus de moi, me dominer de toute sa hauteur, observant ma position. J’aimais le rythme qu’il donnait à ces instants. La façon qu’il avait de ne rien précipiter, pour garder la magie d’un instant intacte. Je percevais son assurance et la trouvais rassurante. Mais je ressentais aussi son intransigeance. Elle était palpable.